Récit d'un voyage au Japon (5)
Lundi 20 Août:
Nous nous levons très tôt, à 6h45, pour notre départ à Kakunodate, Vincent reste un peu au lit. Nous nous pressons pour ne pas rater le train, mais Vincent, lui, dors toujours. Nous partons à l'hôtel à 7h50, quand Vincent a fini de déjeuner, avec nos valises et nos sacs (j'ai eu la mauvaise idée de prendre quasiment toutes mes achats faits sur place, ce qui a alourdi ma valise...).
Nous n'avons jamais traversé aussi vite la distance qui nous sépare de la gare d'Asakusa.
Un métro nous attend, nous le prenons. Arrivés à Ueno, nous devons slalomer entre les personnes pour nous frayer un chemin jusqu'au contrôleur à qui nous devons présenter notre JR Pass et notre réservation, afin de passer les portillons. Nous sommes de l'autre côté. Ah non, Vincent est encore du mauvais côté. Il ne trouve plus son JR Pass. Panique, on risque de rater notre train. Je pars en éclaireur pour repérer le quai, pendant que Vincent trouve son JR Pass. Il l'a, et nous rejoint. Il ne nous reste même pas 10 min, nous courrons presque jusqu'au quai. Nous nous postons devant la bon numéro de porte peint au sol. Le Shinkansen (train à grande vitesse japonais) arrive. Son museau en forme de fusée m'impressionne.
Le train rapide traverse les campagnes et vallées japonaise en direction du Nord à grande vitesse.
Il s'arrête à 11h00 à Morioka pour être séparé en deux. Nous sommes dans la bonne partie, qui continue vers l'Ouest jusqu'à Kakunodate, où nous arrivons à 11h53, sous la pluie.
Je suis en short et en tee-shirt, et je n'ai pas mon parapluie. Je le chercherais dans ma valise une fois à l'office du tourisme, que nous trouvons, comme prévu, juste à droite en sortant de la gare. Nous y laissons nos bagages, contre 200Y par personne, et j'en profite pour récupérer mon parapluie, qui me servira bien dans l'après-midi.
Nous entamons alors la visite de nombreuses maisons de Samurai, dont une grande payante, où nous nous déchausserons pour rentrer, et aurons droit à un historique d'une dizaine de minutes en anglais. Ces maisons, qui ont, pour certaines, plus de deux cents ans, sont superbes.
Une fois la visite terminée, toujours sous la pluie, nous nous arrêtons dans un supermarché pour acheter nos bentô du midi, à base de sushis pour ma part. Nous mangeons sur des bancs près de la gare.
Nous prenons après une petite pause, à 15h12, le train en direction de Tazawako, où nous aurons 10min pour trouver le bus qui nous amènera jusqu'à notre lieu d'hébergement pour la nuit.
15h25, nous sommes à Tazawako, il pleut averse. Le contrôleur du train nous indique la direction vers le bus à prendre, et, nous voyant hésiter à la sortie, vient nous le montrer clairement du doigt. Nous nous y dirigeons, demandons si c'est bien ça, puis le prix. Quand le chauffeur nous voit en train de préparer notre monnaie, il nous explique qu'on payera en sortant, et nous comprendrons une fois montés. Nous prenons notre ticket, rangeons les valises où nous pouvons, et le bus part, sous un torrent de pluie.
Nous soufflons un peu, et essayons de comprendre le fonctionnement du paiement du bus. Notre ticket porte le chiffre 0. A chaque arrêt, il sort un numéro supérieur de la machine. Sur un affichage digital, on peut voir, à gauche, le nom de la station suivante, sur la grande partie restante: plusieurs montant, surplombés de nombres, fixes. Nous comprenons assez rapidement qu'au dessous du numéro indiqué sur le ticket de l'usager, il y a le tarif à payer pour descendre au prochain arrêt. Nous avons le numéro 0, il n'y a plus qu'à attendre que le montant au dessous s'approche de celui indiqué par le chauffeur, 580Y. Nous admirons pendant ce temps-là le paysage, la brume, le lac Tazawa à côté duquel nous roulons quelques instant. La route est sinueuse, nous montons dans la montagne.
Le premier arrêt à 580Y n'est pas le bon; c'est le second: ALPA Komakusa, il est 16h10 à notre arrivée.
Là, le chauffeur nous demande si nous allons au Tsuru-no-yu, auquel nous répondons par l'affirmative. Ils nous indique alors un mini bus à prendre. Nous qui pensions être arrivés !
Nous rentrons dans ce mini-bus, rangeons nos valises comme nous pouvons, et nous voilà partis. Ce mini-bus parcourra alors des petits chemins de montagnes, pour nous amener, d'abord à un premier arrêt, où nous récupérons quelques personnes, ensuite à notre destination finale pour la journée: le Tsuru-no-yu. Il est 16h40, le ciel est couvert, la brume omniprésente.
Nous entrons dans un décor de rêve. Tout est très vert, l'onsen (bains, thermes, sources chaudes japonais) est perdu là, au milieu de nulle part. Nous sommes accueillis en japonais par une femme qui nous prendra en charge jusqu'à notre chambre. On nous demande d'abord de remplir un formulaire, puis on nous présente les heures et le lieu des repas (18h pour le repas, 8h00 pour le petit déjeuner, les deux à la japonaise).
Une odeur d'oeuf dur règne depuis que nous sommes arrivés. Je comprendrais une fois dans le bain qu'il s'agit de l'odeur du souffre contenu dans l'eau thermale.
On nous présente ensuite nos chambres: deux chambres de deux, et la mienne, où je serais seul.
Nous nous reposons un peu, nous remettons de nos émotions, et découvrons cet endroit plein de charme. Avant de sortir de nos chambres, nos revêtons l'habit des lieux: un yukata (kimono léger), sa ceinture et un tanzen (veste). Nous sortons prendre quelques photos, puis remontons dans nos chambres, nous préparer pour le repas de 18h.
Arrivés à l'endroit indiqué auparavant, on nous présente 5 plateaux, à même le sol, avec un coussin devant chaque. Nous devrons manger à la japonaise. C'est dur pour moi: ma grande taille et mon poids me permettent difficilement de tenir en place sur les genoux, ou de me mettre en tailleur.
On nous propose de la bière, nous en prenons une par personne, cinq donc. La serveuse a l'air étonnée, mais nous confirmons notre choix. Nous comprendrons son étonnement quand nous verrons que les bouteilles de bière font 633cl.
Malgré ma position délicate, je profiterais quand-même pleinement de ce festin de roi: soupe, poisson grillé, divers condiments, riz, salade, nouilles à la viande, ...).
A la fin du repas, nous partons chercher nos affaires dans les chambres, avant de nous diriger vers un bain hommes (il y a aussi un bain mixte). La tradition y est à respecter: nous devons y entrer nus, munis éventuellement d'une serviette à ne pas tremper dans le bain, après avoir suivi une procédure assez précise. Il faut d'abord se mouiller en se versant de l'eau sur le corps à l'aide d'un bacquet (soit froide, à température du robinet, soit chaude, à température de l'eau thermale, c'est-à-dire très chaud, dans les 40°C), puis ensuite se savonner pour se nettoyer correctement, et enfin se rincer, toujours à l'aide du baquet (ne surtout pas rentrer dans le bain sans s'être nettoyé, ni rincé). De plus, il ne faut pas se savonner ni s'asperger d'eau debout, pour éviter d'éclabousser ses voisins.
Uns fois cette procédure terminée, on peut enfin rentrer dans le bain, qui se trouve à l'extérieur. Il fait nuit, l'air est empli de vapeurs d'eau et d'odeurs de souffre, l'eau est trouble, brûlante.
L'entrée y est difficile, je n'ai personnellement jamais pris de bain ou de douche aussi chaud. J'y entre quand-même jusqu'à la taille. Nous nous asseyons sur une marche. Relaxation.
Nous discutons à voix basse depuis notre arrivée, pour éviter de troubler ce lieu paisible. Je m'immerge jusqu'au cou (autre règle: il ne faut pas immerger sa tête ni ses cheveux): ça fait beaucoup de bien, mais je n'y resterais pas longtemps. J'alternerais les phases relaxantes immergé, avec les phases à l'extérieur, où je reprends un peu d'air. Nous nous prélasserons une bonne demi-heure dans ce bain paisible, voyant entrer puis sortir les quelques personnes s'aventurant dans le bain à cette heure-ci. A la sortie, je m'asperge le visage d'eau froide, afin de me rafraîchir un peu, mais conserve la chaleur de l'onsen sur le reste du corps, afin d'en bénéficier le plus longtemps possible. Nous sommes complètement détendus, brûlants et rouges. Nous nous séchons brièvement, enfilons les yukata, puis prenons la direction du seul distributeur de boissons du coin. Une fois désaltérés, nous commençons à jouer au tarot dans la partie commune, encore écarlates.
Durant notre partie, une personne de l'hôtel nous apporte une assiette de petits haricots dans leurs cosses, comme nous en avions rencontrés sur nos plateaux. Il nous incite à en manger. C'est très bon en amuse-bouche. Cette petite attention fait plaisir.
Nous ne coucherons pas très tard cette nuit-là, devant partir encore une fois assez tôt le lendemain.
Lien de l'article original : http://stojapon.canalblog.com/archives/2007/09/01/6069468.html
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